Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/555

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brillant qu’ils ne connaissaient pas. La passion que Titus conçut pour Bérénice ne nuisit en rien à ses affaires ; tout indique, au contraire, qu’il trouva dans cette femme rompue aux intrigues de l’Orient un agent des plus utiles. Grâce à elle, les petits rois d’Émèse, de Sophène, de Comagène, tous parents ou alliés des Hérodes, et plus ou moins convertis au judaïsme[1] furent acquis au complot[2]. Le juif renégat Tibère Alexandre, préfet de l’Égypte, y entra pleinement[3]. Les Parthes mêmes se déclarèrent prêts à le soutenir[4].

Ce qu’il y a de plus extraordinaire, c’est que les Juifs modérés tels que Josèphe y adhérèrent aussi, et voulurent à toute force appliquer au général romain les idées qui les préoccupaient. Nous avons vu que l’entourage juif de Néron avait réussi à lui persuader que, détrôné à Rome, il trouverait à Jérusalem un nouveau royaume, qui ferait de lui le plus grand potentat de la terre[5]. Josèphe prétend que, dès l’an 67, au moment où il fut fait prisonnier par les

  1. Jos., Ant., XIX, ix, 1.
  2. Tacite, Hist., II, 2, 81. Cf. Suét., Titus, 7 ; Josèphe, B. J., XII, vii, 1-3.
  3. Voir Mém. de l’Acad. des inscr., t. XXVI, 1re part., p. 294 et suiv. Cf. les Apôtres, p. 252 ; Saint Paul, p. 106-107.
  4. Tacite, Hist., II, 82 ; IV, 51.
  5. Suétone, Néron, 40.