Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/573

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cannibales, un enfer. Titus, de son côté, était atroce ; cinq cents malheureux par jour étaient crucifiés à la vue de la ville avec des raffinements odieux ; le bois ne suffisait plus pour faire les croix, et la place manquait pour les dresser.

Dans cet excès de maux, la foi et le fanatisme des Juifs se montraient plus ardents que jamais. On croyait le temple indestructible[1]. La plupart étaient persuadés que, la ville étant sous la protection spéciale de l’Éternel, il était impossible qu’elle fût prise[2]. Des prophètes se répandaient parmi le peuple, annonçant un prochain secours. La confiance à cet égard était telle, que plusieurs qui eussent pu se sauver restaient pour voir le miracle de Jéhovah. Les frénétiques, cependant, régnaient en maîtres. On tuait tous ceux qui étaient soupçonnés de conseiller la capitulation. Ainsi périt, par ordre de Simon, fils de Gioras, le pontife Matthias, qui avait fait recevoir ce brigand dans la ville. Ses trois fils furent exécutés sous ses yeux. Plusieurs personnes de marque furent également mises à mort. Il était défendu de former le moindre rassemblement ; le seul fait de pleurer ensemble, de tenir une réunion était un crime. Josèphe, du camp des Romains, essayait vainement

  1. Hénoch, cxiii, 7.
  2. Josèphe, B. J., VI, ii, 1 ; v, 2.