Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/604

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nié. Un tribut spécial (fiscus) fut imposé aux Juifs. Dans tout l’empire, ils durent payer annuellement au Capitole la somme de deux drachmes qu’ils avaient accoutumé de payer jusque-là au temple de Jérusalem[1]. La petite coterie des Juifs ralliés, Josèphe, Agrippa, Bérénice, Tibère Alexandre, choisit Rome pour séjour. Nous la verrons continuer d’y jouer un rôle considérable, tantôt amenant pour le judaïsme des moments de faveur à la cour, tantôt poursuivie par la haine des croyants exaltés, tantôt concevant plus d’une espérance, notamment quand il s’en fallut de peu que Bérénice ne devînt la femme de Titus et ne tînt le sceptre de l’univers.

Réduite en solitude, la Judée resta tranquille ; mais l’énorme ébranlement dont elle avait été le théâtre continua de provoquer des secousses dans les pays voisins. La fermentation du judaïsme dura jusque vers la fin de l’an 73. Les zélotes échappés au massacre, les volontaires du siège, tous les fous de Jérusalem se répandirent en Égypte et en Cyrénaïque. Les communautés de ces pays, riches, conservatrices, fort éloignées du fanatisme palestinien,

  1. Jos., B. J., VII, vi, 6 ; Dion Cassius, LXVI, 7 ; Suétone, Domitien, 12 ; Appien, Syr., 50 ; Origène, Epist. ad Afric., de Susanna, vol. I, p. 28 a, édit. de la Rue ; Martial, VII, liv ; la célèbre monnaie de Nerva, Madden, p. 199.