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plus probable cependant que la rentrée des chrétiens eut lieu peu de temps après la complète pacification de la Judée. Les Romains se relâchèrent sans doute de leur sévérité pour des gens aussi paisibles que les disciples de Jésus. Quelques centaines de saints pouvaient bien demeurer sur le mont Sion, dans ces maisons que la destruction avait respectées[1], sans que pour cela la ville cessât d’être considérée comme un champ de ruines et de désolation. La légion 10e Fretensis, à elle seule, devait former autour d’elle un certain groupe de population. Le mont Sion, comme nous l’avons déjà dit, faisait une exception dans l’aspect général de la ville. Le Cénacle des apôtres[2], plusieurs autres constructions et en particulier sept synagogues, restées debout comme des masures isolées, et dont une se conserva jusqu’au temps de Constantin, étaient presque intactes, et rappelaient ce verset d’Isaïe : « La fille de Sion est délaissée comme

    un coin des ruines. Les textes d’Eusèbe (Démonstr. évang., III, v. p. 124 ; H. E., III, xxxv) sur la continuité de l’Église de Jérusalem jusqu’à la guerre d"Adrien ne s’expliquent pas sans un retour partiel. Un in partibus trop prolongé se comprendrait difficilement.

  1. Épiphane, l. c. Cf. saint Jérôme, Epist. ad Dard., Opp., t. II, p. 610, édit. Martianay.
  2. Cf. saint Cyrille de Jér., Catech. xvi, 4 ; Vogüé, les Églises de terre sainte, p. 323.