Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/13

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y verra enfin la séparation absolue du judaïsme et du christianisme s’effectuer définitivement lors de la révolte de Bar-Coziba, et la haine la plus sombre s’allumer entre la mère et la fille. Dès lors on peut dire que le christianisme est formé. Son principe d’autorité existe ; l’épiscopat a entièrement remplacé la démocratie primitive, et les évêques des différentes Églises sont en rapport les uns avec les autres. La nouvelle Bible est complète ; elle s’appelle le Nouveau Testament. La divinité de Jésus-Christ est reconnue de toutes les Églises, hors de la Syrie. Le Fils n’est pas encore l’égal du Père ; c’est un dieu second, un vizir suprême de la création ; mais c’est bien un dieu. Enfin deux ou trois accès de maladies extrêmement dangereuses que traverse la religion naissante, le gnosticisme, le montanisme, le docétisme, la tentative hérétique de Marcion, sont vaincus par la force du principe interne de l’autorité. Le christianisme, en outre, s’est répandu de toutes parts ; il s’est assis au centre de la Gaule, il a pénétré dans l’Afrique. Il est une chose publique ; les historiens parlent de lui ; il a ses avocats qui le défendent officiellement, ses accusateurs qui commencent contre lui la guerre de la critique. Le christianisme, en un mot, est né, parfaitement né ; c’est un enfant, il grandira beaucoup encore ; mais il a tous ses organes, il vit