Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les fidèles à se retirer à Pella, se répandit dans la communauté de Jérusalem vers l’an 68[1]. Certainement elle ne renfermait pas alors l’annonce de la destruction du temple. L’auteur de l’Apocalypse johannique, si bien au courant de la conscience chrétienne, ne croit pas encore, dans les derniers jours de 68 ou les premiers de 69, que le temple sera détruit[2]. Naturellement, tous les recueils sur la vie et les paroles de Jésus qui adoptèrent ce morceau comme prophétique le modifièrent dans le sens des faits accomplis, et y mirent une prédiction nette de la ruine du temple. Il est probable que l’Évangile hébreu, dès sa première rédaction, contenait déjà le discours apocalyptique dont il s’agit. L’Évangile hébreu, en effet, contenait certainement le passage relatif au meurtre de Zarachie, fils de Barachie[3], trait qui prit naissance dans la tradition vers le même temps que le discours apocalyptique en question[4]. Marc n’eut garde de négliger un trait aussi frappant. Il supposa que Jésus, dans les derniers jours de sa vie, eut la vue claire de la ruine de la nation juive et prit cette ruine pour mesure du temps

  1. Voir l’Antechrist, p. 292 et suiv.
  2. Voir ibid., p. 400-401.
  3. Saint Jérôme, In Matth., xxiii, 35.
  4. Voir l’Antechrist, p. 294.