Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/177

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vive et paraît avoir contribué non moins que la politique au meurtre de Cæcina[1]. La favorite juive jouissait encore pleinement de ses droits régaliens. Des causes ressortissaient à sa juridiction, et Quintilien raconte qu’il plaida devant elle un procès où elle était juge et partie[2]. Son luxe étonnait les Romains ; elle réglait la mode ; une bague qu’elle avait portée au doigt se vendait des prix fous ; mais le monde sérieux la méprisait et qualifiait tout haut d’inceste ses rapports avec son frère Agrippa[3]. D’autres hérodiens vivaient encore en Italie, peut-être à Naples, en particulier cet Agrippa, fils de Drusille et de Félix, qui périt lors de l’éruption du Vésuve[4]. Enfin tous ces dynastes de Syrie, d’Arménie, qui avaient embrassé le judaïsme[5], restaient avec la nouvelle famille impériale dans des relations journalières d’intimité.

Autour de ce monde aristocratique, rodait comme serviteur complaisant le souple et prudent Josèphe. Depuis son entrée dans la domesticité de Vespasien et de Titus, il avait pris le prénom de Flavius[6] et, à la manière d’une âme médiocre, il conciliait des

  1. Aurelius Victor, Épit., X, 4.
  2. Quintilien, Instit. orat., IV, i, 2.
  3. Juvénal, sat. vi, vers 156-160.
  4. Jos., Ant., XX, vii, 2.
  5. Voir les Apôtres, p. 254.
  6. Minucius Félix, 33 (texte douteux, v. l’édit. de Halm) ; Origène,