Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/186

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capables, mais sans distinction et de mœurs assez communes, le soutenait et le secondait. On était enfin délivré de la détestable école de Néron, école d’hommes méchants, immoraux, sans gravité, administrateurs et militaires pitoyables. Le parti honnête qui, après la cruelle épreuve du règne de Domitien, arrivera définitivement au pouvoir avec Nerva, respirait enfin, et déjà presque triomphait. Seuls les fous et les débauchés de Rome, qui avaient aimé Néron, riaient de la parcimonie du vieux général, sans songer que cette économie était toute simple et on peut presque dire louable. Le fisc de l’empereur n’était pas nettement distinct de sa fortune privée ; or le fisc sous Néron avait été tristement dilapidé. La situation d’une famille sans fortune, comme les Flavius, portée au pouvoir dans de telles circonstances, devenait fort embarrassante. Galba, qui était de grande noblesse, mais d’habitudes sérieuses, s’était perdu, parce qu’un jour, au théâtre, il offrit à un joueur de flûte fort applaudi cinq deniers, qu’il tira lui-même de sa bourse. La foule l’accueillit par la chanson

Onésime vient du village,


dont les spectateurs répétèrent tous en chœur le refrain. — Il n’y avait moyen de plaire à ces imper-