Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/195

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immémorial, se remit en activité avec une violence sans égale, comme si, de nos jours, les volcans de l’Auvergne recommençaient leurs plus furieuses manifestations[1]. Nous avons vu, dès l’an 68, la préoccupation des phénomènes volcaniques remplir l’imagination chrétienne et laisser sa trace dans l’Apocalypse. L’événement de l’an 79 fut également célébré par les voyants judéo-chrétiens, et provoqua une sorte de recrudescence de l’esprit apocalyptique. Les sectes judaïsantes surtout considérèrent la catastrophe des villes italiennes englouties comme la punition de la destruction de Jérusalem[2]. Les fléaux qui continuaient de s’abattre sur le monde justifiaient jusqu’à un certain point de pareilles imaginations. La terreur produite par ces phénomènes était extraordinaire. La moitié des pages qui nous restent de Dion Cassius est consacrée aux pronostics. L’an 80 vit le plus grand incendie que Rome eût éprouvé, après celui de l’an 64. Il dura trois jours et trois nuits ; toute la région du Capitole et du Panthéon brûla[3]. Une peste effroyable ravagea le monde

  1. Dion Cassius, LXVI, 24 ; Suétone, Titus, 8 ; Pline, Epist., VI, 16, 20 ; Tac., Hist., I, 2.
  2. Carm. sib., IV, 136.
  3. Dion Cassius, LXVI, 24 ; Suétone, Titus, 8 ; Eusèbe, Chron., à la deuxième année de Titus.