Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

est en fait de discours, contenait quelques parties des sermons que le nouveau rédacteur prenait en bloc dans le recueil des logia. Il en résultait des répétitions. Le plus souvent, le nouveau rédacteur se soucie peu de ces répétitions[1] ; d’autres fois, il les évite au moyen de retranchements, de transpositions et de certaines petites habiletés de style.

L’insertion des traditions inconnues au vieux Marc se fait dans le pseudo-Matthieu par des procédés plus violents encore. En possession de quelques récits de miracles ou de guérisons dont il ne voit pas l’identité avec ceux qui sont déjà racontés dans Marc, l’auteur aime mieux s’exposer à des doubles emplois que d’omettre des faits auxquels il tient. Il veut avant tout être complet et ne s’inquiète pas de tomber, en agençant ainsi des traits de provenances diverses, dans des contradictions et des embarras de narration. De là ces circonstances, obscures au moment où elles sont introduites, qui ne s’expliquent que par la suite de l’ouvrage[2] ; ces allusions à

  1. Comp. Matth., x, 38-39, et xvi, 24-25, avec Marc, viii, 34-35 ; Matth., v, 29-30, et xviii, 8-9, avec Marc, ix, 43-47 ; Matth., v, 31-32, et xix, 8-9, avec Marc, x, 11 ; Matth., xxiii, 11, et xx, 16, avec Marc, x, 43 ; Matth., x, 22, et xxiv, 9-13, avec Marc, xiii, 13.
  2. Ainsi Matth., x, 1, est peu naturel, avant qu’il ait été question des apôtres ; au contraire, Marc, iii, 14 ; vi, 7, est logique. Comp. de même Matth., x, 25 ; xii, 24 et suiv.