Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/226

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D’autres fois, on remarque l’incision toute fraîche, l’opération de greffe par laquelle s’est faite l’addition. Ainsi le miracle de Pierre (Matth., xiv, 28-31), récit que Marc ne possède pas, est intercalé entre Marc, vi, 50 et 51, de telle façon que les bords de la plaie sont restés béants. Il en est de même pour le miracle du statère[1], pour Judas se désignant lui-même et interrogé par Jésus[2], pour Jésus blâmant le coup d’épée de Pierre, pour le suicide de Judas, pour le songe de la femme de Pilate, etc. Qu’on retranche tous ces traits, fruits d’un développement postérieur de la légende de Jésus, il restera le texte même de Marc.

Ainsi entrèrent dans le texte évangélique une foule de légendes qui manquaient dans Marc : la généalogie (i, 1-17), la naissance surnaturelle (i, 18-25), la visite des mages (ii, 1-12), la fuite en Égypte (ii, 13-15), le massacre de Bethléhem (ii, 16-18), Pierre marchant sur les eaux (xiv, 28-31), les prérogatives de Pierre (xvi, 17-19), le miracle de la monnaie trouvée dans la bouche d’un poisson (xvii, 24-27), les eunuques du royaume de Dieu (xix, 11-12), l’émotion de Jérusalem à l’entrée de Jésus (xxi, 10-11), les miracles hiérosolymites et le

  1. Matth., xvii, 24, 27, inséré dans Marc, ix, 33.
  2. Comp. Matth., xxvi, 24-26, 49-50, à Marc, xiv, 21-22, 45-46.