Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/232

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’esprit que Joseph, en un cas si étrange, avait le droit de concevoir.

La généalogie que nous lisons dans l’Évangile dit selon saint Matthieu n’est sûrement pas l’ouvrage de l’auteur de cet Évangile. Il l’a prise dans un document antérieur. Était-ce dans l’Évangile hébreu lui-même ? On en peut douter[1]. Une grande fraction des chrétiens hébreux de Syrie garda toujours un texte où de telles généalogies ne figuraient pas ; mais, très-anciennement aussi, certains manuscrits nazaréens présentèrent, en guise de préface, un sépher toledoth[2]. Le tour de la généalogie de Matthieu est hébraïque ; les transcriptions des noms propres ne sont pas celles des Septante[3]. Nous avons vu d’ailleurs[4] que les généalogies furent probablement l’œuvre des parents de Jésus, retirés en Batanée et parlant hébreu. Ce qu’il y a de sûr, c’est que ce travail des généalogies ne fut pas exécuté avec beaucoup d’unité ni d’autorité ; car deux systèmes tout à fait discordants pour rattacher Joseph aux derniers personnages connus de la lignée davidique sont parvenus jusqu’à nous. Il n’est pas impossible que le nom du

  1. Voir ci-dessus, p. 105. Épiph., hær. xxviii, 5 ; xxix, 9 ; xxx, 3, 6, 14.
  2. Βίϐλος γενέσεως.
  3. Βοές, et non Βοόζ.
  4. Ci-dessus, p. 60-61. Jules Africain, dans Eus., H. E., I, 7.