Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/319

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porte[1]. L’impression vive des malheurs arrivés à la nation juive se retrouve à chaque page, et ces malheurs, l’auteur trouve que la nation les a mérités par le fait de n’avoir pas compris Jésus et la mission dont il était chargé pour Jérusalem[2]. Dans la généalogie, Luc évite de faire descendre Jésus des rois de Juda. De David à Salathiel, la descendance s’opère par des collatéraux.

D’autres signes plus cachés décèlent des intentions favorables à Paul. Ce n’est point sans doute par hasard que, après avoir rapporté comment Pierre fut le premier à reconnaître Jésus pour le Messie, l’auteur ne donne pas les fameuses paroles : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, » paroles qui déjà prenaient place dans la tradition[3]. Le trait de la Chananéenne, que l’auteur avait certainement lu dans Marc, est omis[4], à cause des mots si durs qu’il contient et que la fin miséricordieuse ne compense pas suffisamment. La parabole de l’ivraie, qui semble avoir été imaginée contre Paul, ce semeur fâcheux, qui venait derrière les semeurs autorisés et faisait d’une moisson pure une

  1. Luc, xiii, 24 et suiv.
  2. Luc, xix, 43-44 ; xxi, 24 ; xxiii, 27 et suiv.
  3. Matth., xvi, 17-19.
  4. Marc, vii, 24-30. Cf. Matth., xv, 21-28.