Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/321

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celui qui méprise l’apôtre méprise Jésus, et méprise celui qui l’a envoyé[1].

La même exaltation se remarque dans tout ce qui touche à la pauvreté[2]. Luc hait la richesse, regarde le simple attachement à la propriété comme un mal. Quand Jésus vient au monde, il n’y a pas de place pour lui dans l’hôtellerie[3] ; il naît au milieu des êtres les plus simples, des bœufs, des moutons. Ses premiers adorateurs sont des bergers[4]. Toute sa vie il fut pauvre[5]. L’épargne est une absurdité, puisque le riche n’emporte rien avec lui[6] ; le disciple de Jésus n’a rien à faire avec les biens de la terre ; il doit renoncer à ce qu’il possède[7]. L’homme heureux, c’est le pauvre[8] ; le riche est toujours coupable ; l’enfer est son lot assuré[9]. Aussi la pauvreté de Jésus fut-elle absolue[10]. Le royaume de Dieu sera le festin des pauvres ; une substitution de

  1. Luc, x, 16. Matth., x, 40, est moins fort.
  2. Voir Vie de Jésus, p. lxxxvi.
  3. Luc, ii, 7. Cf. Justin, Dial. cum Tryph., 78.
  4. Luc, ii, 8 et suiv.
  5. Luc, ii, 24.
  6. Luc, xii, 16-21.
  7. Luc, vi, 30 ; xii, 13-15, 22 et suiv., 33 ; xvi, 13 ; xviii, 22.
  8. Luc, vi, 20-21.
  9. Luc, vi, 24-25 ; xvi, 19-25. Cf. Vie de Jésus, p. 181-182.
  10. Luc, viii, 2-3 ; ix, 58.