Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/34

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venue par le même canal que les six autres lettres. Dans les manuscrits qui nous ont gardé la collection des lettres suspectes, ne se trouve pas l’épître aux Romains[1]. Le texte relativement sincère de cette épître ne nous a été transmis que par les Actes dits colbertins du martyre de saint Ignace. Il a été repris de là et intercalé dans la collection des treize lettres. Mais tout prouve que la collection des lettres aux Éphésiens, aux Magnésiens, aux Tralliens, aux Philadelphiens, aux Smyrniotes, à Polycarpe, ne comprit pas d’abord l’épître aux Romains, que ces six lettres constituèrent à elles seules une collection, ayant son unité, composée par un seul auteur, et que ce n’est que plus tard qu’on fondit ensemble les deux séries de correspondance ignatienne, l’une aprocryphe (de six lettres), l’autre peut-être authentique (d’une seule lettre). Il est remarquable que, dans la collection des treize lettres, l’épître aux Romains vient la dernière[2], quoique son importance et sa célébrité eussent dû lui assurer la première place. Enfin, dans toute la tradition ecclésiastique, l’épître aux Romains a

  1. Dressel, p. xxxi, lxi-lxii. Le manuscrit du Fanar d’où le métropolite Philothée Bryenne a tiré les épîtres clémentines contient aussi la collection des treize lettres ignatiennes, c’est-à-dire la collection interpolée.
  2. Zahn, p. 85, 94.