Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/361

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la réconciliation posthume de Pierre et de Paul et de la fusion des deux partis, sans l’union desquels l’œuvre du Christ ne pouvait que périr.

L’extrême importance à laquelle Clément était arrivé résulte surtout de la vaste littérature apocryphe qu’on lui attribua. Quand, vers l’an 140, on prétendit réunir en un corps d’écritures revêtues d’un caractère ecclésiastique les traditions judéo-chrétiennes sur Pierre et son apostolat, on choisit Clément pour auteur supposé de l’ouvrage. Quand on voulut codifier d’anciens usages ecclésiastiques et faire passer le recueil ainsi formé pour un corpus de « constitutions apostoliques », c’est Clément qui fut le garant de cette œuvre apocryphe. D’autres écrits, tous plus ou moins relatifs à l’établissement d’un droit canonique, lui furent également attribués[1]. Le fabricateur d’apocryphes cherche à donner du poids aux écrits qu’il fabrique. Le nom qu’il met en tête de ses compositions est toujours une célébrité. La sanction de Clément nous apparaît ainsi, comme la plus haute qu’on imaginât au iie siècle pour recommander un livre. Aussi, dans le Pasteur du faux Hermas, Clément a-t-il pour fonction spéciale d’envoyer les livres nouvellement éclos dans Rome aux

  1. Les deux Épîtres sur la virginité, les Épîtres dites décrétales, etc. (Voir l’édit. de Cotelier.)