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cryphes n’ayant pas connu, à ce qu’il semble, l’épître aux Romains, il n’y a pas grande apparence qu’il ait possédé d’autres lettres authentiques du martyr. Un seul passage, le § 19 de l’épître aux Éphésiens, me paraît trancher sur le fond terne et vague des épîtres suspectes. Ce qui concerne les τρία μυστήρια κραυγῆς est bien de ce style obscur, singulier, mystérieux, rappelant le quatrième Évangile, que nous avons remarqué dans l’épître aux Romains. Ce passage, comme les traits brillants de l’épître aux Romains, a été fort cité[1]. Mais c’est là un fait trop isolé pour qu’il y ait lieu d’y insister.

Une question qui a un lien étroit avec celle des épîtres attribuées à saint Ignace, est la question de l’épître attribuée à Polycarpe. À deux reprises différentes (§ 9 et § 13), Polycarpe, ou celui qui a supposé la lettre, fait une mention nominative d’Ignace. Une troisième fois (§ 1), il semblerait encore y faire allusion. On lit dans un de ces passages (§ 13 et dernier) : « Vous m’avez écrit, vous et Ignace, pour que, si quelqu’un d’ici part pour la Syrie, il y porte vos lettres. Je m’acquitterai de ce soin, si j’en trouve le moment opportun, soit par moi-même, soit par un messager que j’enverrai pour

  1. Dressel, p. 136, notes.