Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/40

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l’ordre d’idées est le même. Beaucoup de manuscrits présentent l’épître de Polycarpe jointe à la collection ignatienne en guise de préface ou d’épilogue[1]. Il semble donc ou que l’épître de Polycarpe et celles d’Ignace sont du même faussaire, ou que l’auteur des lettres d’Ignace a eu pour plan de chercher un point d’appui dans l’épître de Polycarpe, et, en y ajoutant un post-scriptum, de créer une recommandation pour son œuvre. Cette addition concordait bien avec la mention d’Ignace qui se trouve dans le cœur de la lettre de Polycarpe (§ 9). Elle cadrait mieux encore, au moins en apparence, avec le premier paragraphe de cette lettre, où Polycarpe loue les Philippiens d’avoir reçu comme il fallait des confesseurs chargés de chaînes qui passaient chez eux[2].

De l’épître de Polycarpe ainsi falsifiée et des six lettres censées d’Ignace, se forma un petit Corpus pseudo-ignatien, parfaitement homogène de style et de couleur, vrai plaidoyer pour l’orthodoxie et l’épi-

  1. Zahn, p. 91, 92. Une telle réunion, cependant, ne paraît pas fort ancienne, et, comme nous l’avons dit, le post-scriptum manque dans ces sortes de copies des lettres de Polycarpe.
  2. Il n’est nullement sûr que, dans ce passage, l’auteur ait pensé à Ignace. Il est parlé des confesseurs au pluriel, tandis qu’Ignace ne paraît pas avoir eu de compagnon de chaîne et de martyre. La manière dont le nom d’Ignace revient, au § 9, écarte l’idée qu’il ait déjà été question de lui au § 1er.