Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/414

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c’est moins un règne qu’un acheminement ménagé par Dieu pour amener la fin des temps[1]. En effet, au bout de quelques instants, selon notre visionnaire, le dernier anticésar (Nerva) disparaît ; le corps de l’aigle prend feu, et toute la terre en est frappée d’étonnement. La fin du monde profane arrive, et le Messie vient accabler l’empire romain de reproches sanglants[2] :


Tu as régné sur le monde par la terreur et non par la vérité. Tu as écrasé les hommes doux[3], tu as persécuté les gens paisibles, tu as haï les justes, tu as aimé les menteurs, tu as humilié les murailles de ceux qui ne t’avaient fait aucun mal. Tes violences sont montées jusqu’au trône de l’Éternel, et ton orgueil est venu jusqu’au Tout-Puissant. Le Très-Haut a consulté alors sa table des temps, et a vu que la mesure était pleine, que son moment était venu. C’est pourquoi tu vas disparaître, toi, ô aigle et tes ailes horribles et tes ailerons maudits, et tes têtes perverses et tes ongles détestables[4], et tout ton corps sinistre, afin que la terre respire, qu’elle se ranime, délivrée de la tyrannie, et qu’elle recommence à espérer en la justice et en la pitié de celui qui l’a faite.


Les Romains seront jugés ensuite, jugés vivants

  1. Ch. xii, 30.
  2. Ch. xi, 40 et suiv. ; xii, 32 et suiv.
  3. Anavim ou aniyyim, synonyme d’ébionim.
  4. Les ongles de l’aigle sont sans doute les légions, par lesquelles il tient l’Orient et l’Occident.