Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/424

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timent de ceux qui avaient tué Domitien. Le tempérament un peu mou de Nerva n’était pas fait pour de pareilles scènes. Il s’offrit vertueusement à la mort, mais ne put empêcher le massacre de Parthénius et de ceux qui l’avaient fait empereur. Ce jour fut décisif et sauva la république. Nerva, en véritable sage, comprit qu’il devait s’associer un jeune capitaine, dont l’énergie suppléât à ce qui lui manquait. Il avait des parents ; mais, uniquement attentif au bien de l’État, il chercha le plus digne. Le parti libéral possédait dans son sein un admirable homme de guerre, Trajan, qui commandait alors sur le Rhin, à Cologne. Nerva le choisit. Ce grand acte de vertu politique assura la victoire des libéraux, qui était restée toujours douteuse depuis la mort de Domitien. La vraie loi du césarisme, l’adoption, était trouvée. La soldatesque est réfrénée. La logique voulait qu’un Septime Sévère, avec sa maxime détestable : « Contente le soldat ; moque-toi du reste », succédât à Domitien. Grâce à Trajan, la fatalité de l’histoire fut ajournée et retardée d’un siècle. Le mal est vaincu, non pas pour mille ans, comme le croyait Jean, ni même pour quatre cents ans, comme rêvait pseudo-Esdras, mais pour cent ans, ce qui est beaucoup.