Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/434

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anime le gouvernement ; jamais, avant le xviiie siècle, on ne fit tant pour l’amélioration du sort de l’humanité. L’empereur est un dieu, accomplissant son voyage sur la terre et signalant son passage par des bienfaits.

Ce n’est pas qu’un tel régime ne différât beaucoup de ce que nous considérons comme l’essence d’un gouvernement libéral. On y chercherait vainement quelque trace d’institutions parlementaires ou représentatives[1] ; l’état du monde ne comportait rien de semblable. L’opinion des politiques du temps est que le pouvoir appartient, par une sorte de délégation naturelle, aux hommes honnêtes, sensés, modérés. Cette désignation se fait par le fatum[2] ; une fois qu’elle a eu lieu, l’empereur gouverne l’empire comme le bélier conduit son troupeau et le taureau le sien[3]. À côté de cela, un langage tout républi-

    Nerva Tutela Italiæ (Cohen, I, p. 479) et celles de Trajan (Cohen, II, Traj., nos 13, 14, 299, 300-304, 373, p. 5, 48-49, 60), sans oublier l’arc de Bénévent. Il faut reconnaître que l’intention politique avait plus de part dans ces fondations que l’intention charitable. Il s’agissait avant tout de faciliter les mariages, d’empêcher la dépopulation et de se procurer des soldats dévoués (Pline, l. c.). Ce n’étaient là que des congiaria comme d’autres. Orelli-Henzen, no 6664 (ou Henzen, Tabula aliment. Bæb.).

  1. « Jubes esse liberos ; erimus. » Pline.
  2. « Fatis designatus. »
  3. Marc-Aurèle, Pensées, XI, xviii, 1o.