Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/436

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vre d’un parti conservateur libéral et aristocratique, l’avènement de Nerva et de Trajan mit fin à deux choses, aux troubles de la caserne et à l’importance des Orientaux, domestiques et favoris des empereurs. Il ne sera plus donné aux affranchis, aux gens d’Égypte et de Syrie, de faire trembler ce qu’il y a de meilleur dans Rome. Ces misérables, qui s’étaient rendus maîtres par leurs coupables complaisances des règnes de Caligula, de Claude, de Néron, qui avaient même été les conseillers et les confidents des débauches de Titus, avant son avènement[1], tombent dans le mépris. L’agacement qu’on voit les Romains éprouver devant les honneurs décernés à un Hérode Agrippa, à un Tibère Alexandre, ne se produit plus après la chute des Flavius[2]. Le sénat grandit d’autant ; mais l’action des provinces fut amoindrie ; les tentatives pour rompre la glace du monde officiel se trouvèrent à peu près réduites à l’impuissance.

L’hellénisme n’en souffrit pas ; car il sut, par sa souplesse ou par sa haute distinction, se faire accepter du meilleur monde romain[3]. Mais le

  1. Suétone, Titus, 7.
  2. Juv., i, 129-131 ; iii, 73-78.
  3. La colère de Juvénal contre l’envahissement des Grecs (Sat. iii, 80 et suiv.) ne signifie autre chose que la jalousie du parasite italien supplanté par le parasite grec.