Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/44

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fois si féconde, est de rejeter les systèmes traditionnels, souvent il est vrai bâtis en matériaux fragiles, et de leur substituer des systèmes fondés sur des autorités plus fragiles encore. Dans la question d’Ignace, n’a-t-on pas prétendu corriger les traditions du IIe siècle avec Jean Malala ? Dans la question de Simon le magicien, des théologiens d’ailleurs sagaces n’ont-ils pas résisté jusqu’au dernier moment à la nécessité d’admettre l’existence réelle de ce personnage ? Dans la question des Cléments, on passe de même, aux yeux de certains critiques, pour un esprit borné, si on admet que Clément Romain a existé et si on n’explique pas tout ce qui le concerne par des malentendus et des confusions avec Flavius Clemens. Or ce sont, au contraire, les données sur Flavius Clemens qui sont indécises, contradictoires. Nous ne nions pas les lueurs de christianisme qui semblent sortir des obscurs décombres de la famille flavienne ; mais, pour tirer de tout cela un grand fait historique au moyen duquel on rectifie les traditions incertaines, il a fallu un étrange parti pris, ou plutôt ce manque de mesure dans l’induction qui nuit si souvent, en Allemagne, aux plus rares qualités de diligence et d’application. On repousse de solides témoignages, et on y substitue de faibles hypothèses ; on récuse des textes satisfaisants, et on accueille presque sans examen les combinaisons hasardées