Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/465

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sans doute traduit en grec. Un des traits caractéristiques de cet Évangile était le récit du baptême de Jésus, d’après lequel un esprit divin, l’esprit prophétique, était à ce moment solennel descendu en Jésus, et l’avait élevé à une dignité qu’il n’avait pas auparavant. Cérinthe pensait de même que, jusqu’à son baptême, Jésus avait été simplement un homme, il est vrai le plus juste et le plus sage des hommes ; par le baptême, l’esprit du Dieu tout-puissant vint demeurer en lui. La mission de Jésus, ainsi devenu Christ, fut de révéler le Dieu suprême par sa prédication et ses miracles ; mais il n’était pas vrai, dans cette manière de voir, que le Christ eût souffert sur la croix ; avant la Passion, le Christ, impassible par nature, se sépara de l’homme Jésus ; celui-ci seul fut crucifié, mourut, ressuscita. D’autres fois, Cérinthe niait même la résurrection, et prétendait que Jésus ressusciterait avec tout le monde au jour du jugement.

Cette doctrine, que nous avons déjà trouvée au moins en germe chez plusieurs des familles d’ébionim[1] dont la propagande s’exerçait d’au delà du Jourdain en Asie[2], et que, dans cinquante ans,

    c. 36. Irénée, III, xi, 7, paraît se tromper en attribuant les erreurs de Cérinthe à une fausse interprétation de l’Évangile de Marc.

  1. Voir ci-dessus, p. 50 et suiv.
  2. Épiph., hær. xxx, 18.