Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/474

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par l’Église de Smyrne[1], est également une énigme. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’il y eut à Éphèse un groupe d’hommes qui, vers la fin du ier siècle, se donnèrent pour les derniers témoins oculaires de la vie de Jésus. Papias les connut ou du moins les toucha de très-près et recueillit leurs traditions[2].

Nous verrons plus tard une rédaction évangélique d’un caractère tout particulier sortir de ce petit comité, qui paraît avoir obtenu l’entière confiance du vieil apôtre, et qui se crut peut-être autorisé à parler en son nom. Dès l’époque où nous sommes, et avant la mort de Jean, quelqu’un de ces disciples qui semblent avoir entouré et comme accaparé la vieillesse du dernier survivant des apôtres, ne chercha-t-il pas à exploiter le riche trésor qu’il avait à sa disposition ? On a pu le supposer[3] ; nous-mêmes y avons autrefois incliné. Nous pensons maintenant qu’il est plus probable qu’aucune partie de l’Évangile qui porte le nom de Jean n’a été écrite soit par lui, soit par tel ou tel de ses disciples de son vivant. Mais nous persistons à croire que Jean avait bien une manière à lui de raconter la vie de Jésus, manière très-différente des récits originaires de Batanée, supérieure à quelques égards, et où en parti-

  1. Constit. apost., VII, 46.
  2. Dans Eus., H. E., III, 39.
  3. Voir Vie de Jésus, p. lxxii et suiv.