Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/477

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ecclésiastique, l’école d’Alexandrie, a voulu, non-seulement que l’Apocalypse ne soit pas de Jean, mais qu’elle soit de l’adversaire de Jean, de Cérinthe[1] ? Nous verrons les mêmes équivoques entourer la seconde classe d’écrits johanniques qui se produira bientôt, et une seule chose rester claire, c’est que Jean ne peut être à la fois l’auteur des deux séries d’ouvrages qu’on lui attribue. Aucune des deux séries n’est peut-être de lui ; mais certainement les deux séries ne sont pas de lui.

L’émotion fut grande, le jour où l’on vit expirer l’apôtre[2] en qui depuis des années se résumait toute la tradition chrétienne, et par lequel on croyait tenir encore à Jésus et aux origines de la parole nouvelle. Toutes les colonnes[3] de l’Église avaient disparu. Celui à qui Jésus avait promis, selon l’opinion commune, de ne pas le laisser mourir jusqu’à ce qu’il revînt, descendait à son tour au tombeau. Ce fut une

  1. Voir ci-dessus, p. 418, note 3.
  2. Sur le prétendu meurtre de Jean par les juifs, voir l’Antechrist, p. 562-563. Des persécutions opérées directement à cette date par les juifs sur des compatriotes dissidents sont en Asie un fait inacceptable. L’assertion de Justin (Apol. I, 31) n’a pu être vraie qu’en Syrie du temps de Bar-Coziba. Si Eusèbe et les anciens avaient lu dans Papias ce que dit Hamartolus, ils l’eussent adopté ou du moins cité.
  3. Gal., ii, 9.