Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/484

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troisième Évangile[1] : douceur, tolérance, conciliation, sympathie pour les humbles, aversion pour les superbes. L’auteur est bien celui qui a écrit : « Paix aux hommes de bonne volonté ! » Nous avons exposé ailleurs les singulières tortures que ces excellentes intentions lui ont fait donner à l’exactitude historique, et comment son livre est le premier document de l’esprit de l’Église romaine indifférent à la vérité des choses, dominé en tout par des tendances officielles. Luc est le fondateur de cette éternelle fiction qu’on appelle l’histoire ecclésiastique, avec sa fadeur, son habitude d’adoucir tous les angles, ses tours niaisement béats[2]. Le dogme a priori d’une Église toujours sage, toujours modérée est la base de son récit. L’essentiel pour lui est de montrer que les disciples de Paul sont les disciples non pas d’un intrus, mais d’un apôtre comme les autres, qui a été en communion parfaite avec les autres. Le reste lui importe peu. Tout s’est passé comme dans une idylle. Pierre au fond était de l’avis de Paul, Paul de l’avis de Pierre. Une assemblée inspirée a vu tous les membres du collège apostolique réunis dans une même pensée. Le premier païen baptisé l’a été par Pierre ; Paul, d’un autre côté, s’est soumis aux pre-

  1. Voir les Apôtres, introd. et ci-dessus, p. 264 et suiv.
  2. V. les Apôtres, p. xiii et suiv., xxiv et suiv.