Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/508

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les temps que Jésus n’a pas été crucifié en personne, qu’une ombre seule souffrit à sa place[1]. On croirait entendre Cérinthe ou quelqu’un de ces gnostiques si énergiquement combattus par Irénée[2].

Le nom syriaque de ces diverses sectes de baptistes était sabiin, équivalent exact de « baptiseurs ». C’est l’origine du nom des sabiens, qui sert encore aujourd’hui à désigner les mendaïtes[3], nazaréens[4] ou chrétiens de saint Jean, qui continuent leur pauvre existence dans le district marécageux de Wasith et de Howeyza, non loin du confluent du Tigre et de l’Euphrate[5]. Au viie siècle, Mahomet les traite avec une considération particulière[6]. Au xe siècle, les polygraphes arabes les appellent el-mogtasila, « ceux qui

  1. Voir ci-dessus, p. 421-422.
  2. Irénée, I, xxiv, 4 ; Épiph., xxiv, 3 ; Pseudo-Tertullien, Contre toutes les hérésies, c. 1 (Œhler) ; Théodoret, Hær. fab., I, 4.
  3. Eux-mêmes se donnent ce nom. Livre d’Adam, lre part., ch. xiii, xvii, xx, xxx, xxxi, xxxv, xxxvi, xxxvii, xxxviii, xlii, clausule, 2e part., ch. i, ii, v.
  4. Cf. Norberg, Cod. Naz., II, 235, 237.
  5. Voir Vie de Jésus, p. 102 et suiv. Le culte des astres ayant une grande place dans la religion des sabiens des marais, les Arabes firent sabisme synonyme d’astrolâtrie. Moïse Maimonide adopta cette idée, et c’est par lui que se sont répandues en Europe tant de notions confuses sur un prétendu sabéisme, considéré comme le culte primitif de l’humanité.
  6. Coran, ii, 59 ; v, 73 ; xxii, 17.