Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/516

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Jésus regardait comme l’essence même de sa divine institution.

Tout prouve, en effet, que Trajan fut le premier persécuteur systématique du christianisme. Les procès contre les chrétiens, sans être très-fréquents, se produisirent plusieurs fois sous son règne[1]. Sa politique de principes, son zèle pour le culte officiel[2], son aversion pour tout ce qui ressemblait à une société secrète l’y engageaient. Il y était également poussé par l’opinion publique. Les émeutes contre les chrétiens n’étaient point rares ; le gouvernement, en satisfaisant ses propres défiances, se donnait, par des rigueurs contre une secte calomniée, un vernis de popularité. Les émeutes et les persécutions qui s’ensuivaient avaient un caractère tout local[3]. Il n’y

  1. Pline, Epist., X, 96 (97), remarque comme une singularité que lui, homme d’administration (plus homme de lettres, à vrai dire, que d’administration), n’ait jamais assisté, avant sa légation de Bithynie, à un procès de cette espèce.
  2. Pline, Panégyr., 52.
  3. Μερικῶς καὶ κατὰ πόλεις… ἐν πλείοσι τόποις… μερικοὺς κατ’ἐπαρχίαν. Eus., H. E., III, ch. 32 et suiv. Cf. Barhébræus, Chron. syr., p. 56, texte syr. ; Chron. arabe, p. 119-120, texte ar. Sulpice Sévère (II, 31) ne fait que commenter le conquirendi non sunt. Cf. Orose, VII, 12. Tertullien (Apol., 5, ex parte frustratus est) atténue également les torts de Trajan, obéissant à la même tendance que Méliton (dans Eus., H. E., IV, 26) c’est-à-dire au désir de montrer que les bons empereurs ont été favorables au christianisme et que les mauvais l’ont persécuté. Déjà dès le