Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/533

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hommes, dignes d’être montrés au peuple romain[1]. Le voyage de ce courageux confesseur d’Antioche à Rome le long des côtes d’Asie, de Macédoine et de Grèce[2], fut une sorte de triomphe. Les Églises des villes où il touchait s’empressaient autour de lui, lui demandaient des conseils. Lui, de son côté, leur écrivait des épîtres pleines d’enseignements, auxquels sa position, analogue à celle de saint Paul, prisonnier de Jésus-Christ, donnaient la plus haute autorité[3]. À Smyrne, en particulier, Ignace se trouva en rapport avec toutes les Églises de l’Asie[4]. Polycarpe,

    31 ; Lettre des Églises de Lyon et de Vienne, dans Eus., H. E., V, i, 37, 47 (notez cependant 44, 50) ; le Pasteur d’Hermas, vis. iii, 2 ; Épître à Diognète, c. 7 ; Justin, Dial., c. 110 ; Tertullien, Apol., 40. Selon Malala (XI, p. 276, édit. de Bonn) et un fragment syriaque donné par Cureton (Corpus ignat., p. 221, 252), Ignace aurait souffert le martyre à Antioche, par l’ordre de Trajan, indigné des injures que lui adressait l’évêque ; mais c’est là une grossière bévue de Malala. L’épître de Polycarpe (§ 9) prouve le voyage dans la Méditerranée, et, supposât-on cette épître apocryphe comme les Épîtres pseudo-ignatiennes, il reste au moins qu’à la fin du iie siècle on croyait au voyage à Rome, et qu’on faisait de ce voyage la base d’écrits destinés à une vaste publicité.

  1. « Si ejus roboris vel artificii sint ut digne populo romano exhiberi possint. » Digeste, l. c. Cette coutume ne commença d’être abolie que par Antonin.
  2. Polyc., Ad Phil., § 9 ; Ignace, Ad Rom., § 9. Saint Paul voyage de même, en suivant la côte.
  3. Epist. ad Rom., § 9.
  4. Ignace, Ad Rom., 10 ; Ad Magn., 15 ; Ad Trall., 12.