Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/55

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cule, et rien ne nous plaît comme de voir Jésus, le plus vertueux des hommes, narguer en face une bourgeoisie hypocrite en laissant entendre que la règle dont elle est fière est peut-être, comme tout le reste, une vanité.

Une conséquence de la situation nouvelle faite au peuple juif fut un redoublement de séparation et d’esprit exclusif. Haï, honni du monde, Israël se renferma de plus en plus en lui-même. La perischouth l’insociabilité, devint une loi de salut public[1]. Ne vivre qu’entre soi dans un monde purement juif, rendre les communications avec les païens de plus en plus rares, ajouter à la Loi de nouvelles exigences, la rendre difficile à pratiquer, tel fut le but des docteurs, et ils l’atteignirent savamment. Les excommunications furent multipliées[2]. Observer la Loi fut un art si compliqué, que le juif n’eut plus le temps de penser à autre chose. Telle est l’origine des « dix-huit mesures », code complet de séquestration, dont on rapporte l’établissement aux temps qui précèdent la destruction du temple[3] mais qui n’eurent, ce semble, leur application qu’après 70. Ces

  1. Tac., Hist., V, 5.
  2. Talm. de Bab., Moëd katon, 15 b et suiv. ; comp. Jean, ix, 22, 34 ; xvi, 2.
  3. Mischna, Aboda zara, ii, 5 et 7.