Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/584

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Deux de ces noms figurent, en effet, dans toute la tradition apostolique et ecclésiastique, comme ceux de « frères du Seigneur ». Le personnage de « Jacques, frère du Seigneur », est, après celui de saint Paul, le plus clairement dessiné de la première génération chrétienne. L’épitre de saint Paul aux Galates, les Actes des Apôtres, les suscriptions des épîtres authentiques ou non attribuées à Jacques et à Jude, l’historien Josèphe, la légende ébionite de Pierre, le vieil historien judéo-chrétien Hégésippe, sont d’accord pour faire de lui le chef de l’Église judéo-chrétienne. Le plus authentique de ces témoignages, le passage de l’épître aux Galates (i, 19), lui donne nettement le titre d’ἀδελφὸς τοῦ κυρίου.

Un Jude paraît aussi avoir des droits très-réels à ce titre. Le Jude dont nous possédons une épître[1] se donne le titre d’ἀδελφὸς Ἰακώϐου. Un personnage du nom de Jacques, assez considérable pour qu’on se désignât et qu’on se donnât de l’autorité en s’appelant son frère, ne peut guère être que le célèbre Jacques de l’épître aux Galates, des Actes, de Josèphe, d’Hégésippe, des écrits pseudo-clémentins. Si ce Jacques était « frère du Seigneur », Jude, auteur vrai ou supposé de l’épître qui fait partie du canon, était donc aussi frère du Seigneur. Hégésippe l’entendait certainement ainsi. Ce Jude, dont les petits-fils (υἱωνοί) furent recherchés et présentés à Domitien comme les derniers représentants de la race de David, était pour l’antique historien de l’Église le frère de Jésus selon la

  1. Les raisonnements que nous faisons en ce moment sont aussi forts dans le cas où les épîtres de Jacques et de Jude seraient apocryphes que dans le cas où elles seraient authentiques.