Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les deux populations[1]. Dans ses campagnes de 67 et de 68, Vespasien avait dû se montrer pour y établir son autorité[2]. Les vivres y abondaient[3]. Dans les premiers temps du blocus, plusieurs savants paisibles, tels que Johanan ben Zakaï, que la chimère de l’indépendance nationale n’abusait pas, vinrent s’y réfugier[4]. C’est là qu’ils apprirent l’incendie du temple. Ils sanglotèrent, déchirèrent leurs vêtements, prirent le deuil[5], mais trouvèrent qu’il valait encore la peine de vivre pour voir si Dieu réservait un avenir à Israël. Ce fut, dit-on, à la prière de Johanan que Vespasien épargna Iabné et ses savants[6]. La vérité est qu’avant la guerre une école rabbinique florissait déjà dans Iabné[7].

  1. Philon, Leg. ad Caïum, § 30 ; Jos., B. J., I, vii, 7 ; viii, 4 ; II, ix, 1 ; Ant., XIV, iv, 4 ; XVII, viii, 1 ; XVIII, ii, 2.
  2. Jos., B. J., IV, iii, 2 ; viii, 1.
  3. Talm. de Jér., Demaï, ii, 4 ; Tosifta, ibid., c. i ; Bereschith rabba, c. lxxvi ; Midrasch Ialkout, I, 39 a.
  4. Aboth de-rabbi Nathan, c. iv.
  5. Ibidem.
  6. Talm. de Bab., Gittin, 66 a. Il y a là des dates peu concordantes. Les circonstances de l’évasion de Johanan supposeraient la ville déjà bloquée (Midrasch rabba, sur Kohéleth, vii, 11, et sur Eka, i, 5 ; cf. Talm. de Bab., Gittin, 56 a et b). Or, à cette époque, Vespasien n’était plus en Judée. En 67 et 68, au contraire, il passa par Iabné.
  7. Aboth de-rabbi Nathan, iv ; Talm. de Bab., Gittin, 56 b ; Mischna, Sanhédrin, xi, 4.