Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/80

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juive, cantiques, prières, etc., rappellent par moments le ton de l’Évangile selon saint Luc. La théorie des revendications messianiques est cependant peu développée ; Judith est encore récompensée de sa vertu par une longue vie. Le livre dut être lu avec passion dans les cercles de Béther et de Iabné ; mais on conçoit que Josèphe ne l’ait pas connu à Rome ; on le dissimula sans doute, comme plein d’allusions dangereuses. Le succès, en tout cas, n’en fut pas durable chez les juifs ; l’original hébreu se perdit bientôt[1] ; mais la traduction grecque se fit une place dans le canon chrétien. Nous verrons, vers l’an 95, cette traduction connue à Rome[2]. En général, c’est au lendemain de leur publication que les ouvrages apocryphes étaient accueillis et cités ; ces nouveautés avaient une vogue éphémère, puis tombaient dans l’oubli.

Le besoin d’un canon rigoureusement délimité des livres sacrés se faisait sentir de plus en plus. La Thora, les prophètes, les psaumes[3], étaient la base admise de tous. Ézéchiel seul excitait quelques difficultés par les passages où il n’est pas d’accord

  1. Origène, Epist. ad Africanum, 13. Ce que dit saint Jérôme (Præf.) est un tissu d’inexactitudes.
  2. Clem. Rom., Ad Cor. I, 55, 59 (édit. Philothée Bryenne).
  3. Comp. Luc, xxiv, 44 ; Josèphe, Contre Apion, I, 8.