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sacré, à côté d’Esther et des compilations historiques les plus récentes[1]. Le fils de Sirach n’échoua que pour avoir avoué trop franchement sa rédaction moderne[2]. Tout cela constituait une petite bibliothèque sacrée de vingt-quatre ouvrages, dont l’ordre fut dès lors irrévocablement fixé[3]. Beaucoup de variantes existaient encore[4] ; l’absence de points-voyelles laissait planer sur de nombreux passages une regrettable ambiguïté, que les différents partis exploitaient dans le sens de leurs idées. Ce n’est que plusieurs siècles plus tard que la Bible hébraïque forma un volume presque sans variantes et dont la lecture était arrêtée jusque dans ses derniers détails.

Quant aux livres exclus du canon, on en interdit la lecture et l’on chercha même à les détruire. C’est ce qui explique comment des livres essentiellement juifs et qui avaient tout autant de droits que Daniel et Esther à rester dans la Bible juive, ne se sont con-

  1. Voir l’ordre des Bibles hébraïques.
  2. Talm. de Jér., Sanhédrin, x (xi), 1 ; Talm. de Bab., Sanhédrin, 100 b.
  3. Talm. de Bab., Baba bathra, 14 b. Cf. Josèphe, Contre Apion, I, 2. Les versets Kohéleth xii, 11-14, paraissent une clausule des Ketoubim, écrite vers ce temps.
  4. Les écarts qu’on observe entre les différentes versions en sont la preuve. Voir Mekhilta et Sifré, avec les observations critiques de M. Geiger, Umschrift und Uebersetzungen der Bibel, Breslau, 1857.