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d’eux qu’il avait bien voulu abréger des jours qui, s’ils avaient duré, eussent vu l’extermination de toute chair[1]. L’affreuse tourmente qu’on avait subie resta dans la mémoire des chrétiens d’Orient, et fut pour eux ce que la persécution de Néron avait été pour les chrétiens de Rome, « la grande angoisse »[2], prélude certain des jours du Messie.

Un calcul, d’ailleurs, semble avoir vers cette époque beaucoup préoccupé les chrétiens. On songeait à ce passage d’un psaume : « Aujourd’hui du moins écoutez ce qu’il vous dit : « N’endurcissez pas vos cœurs comme à Meriba, comme au jour de Massa dans le désert… Pendant quarante ans, j’ai eu cette génération en dégoût, et j’ai dit : « C’est un peuple errant de cœur ; ils ignorent mes voies. Aussi ai-je juré dans ma colère qu’ils n’entreront pas dans mon repos »[3]. On appliquait aux juifs opiniâtres ce qui concernait la rébellion des Israélites dans le désert, et, comme à peu près quarante années s’étaient écoulées depuis la courte mais brillante carrière publique de Jésus, on croyait

  1. Matth., xxiv, 22 ; Marc, xiii, 20 ; Épître de Barnabé, 4. Cf. Vie de Jésus, 13e édit. et suiv., p. xlii, note 4 ; l’Antechrist, p. 294, 295.
  2. Θλῖψις μεγάλη, hébr. sara guedola.
  3. Ps. xcv, 7 et suiv.