Page:Renan - La Vie de Jésus.djvu/119

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d’Osée et d’Isaïe. Israël se reposa sous les Achéménides, et, sous Xerxès (Assuérus), se fit redouter des Iraniens eux-mêmes. Mais l’entrée triomphante et souvent brutale de la civilisation grecque et romaine en Asie le rejeta dans ses rêves. Plus que jamais, il invoqua le Messie comme juge et vengeur des peuples. Il lui fallut un renouvellement complet, une révolution prenant le globe à ses racines et l’ébranlant de fond en comble, pour satisfaire l’énorme besoin de vengeance qu’excitaient chez lui le sentiment de sa supériorité et la vue de ses humiliations.

Si Israël avait eu la doctrine, dite spiritualiste, qui coupe l’homme en deux parts, le corps et l’âme, et trouve tout naturel que, pendant que le corps pourrit, l’âme survive, cet accès de rage et d’énergique protestation n’aurait pas eu sa raison d’être. Mais une telle doctrine, sortie de la philosophie grecque, n’était pas dans les traditions de l’esprit juif. Les anciens écrits hébreux ne renferment aucune trace de rémunérations ou de peines futures. Tandis que l’idée de la solidarité de la tribu exista, il était naturel qu’on ne songeât pas à une stricte rétribution selon les mérites de chacun. Tant