Page:Renan - La Vie de Jésus.djvu/316

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théologie, pour corriger l’extrême rigueur du vieux monothéisme, à placer auprès de Dieu un assesseur, auquel le Père éternel est censé déléguer le gouvernement de l’univers. La croyance que certains hommes sont des incarnations de facultés ou de « puissances » divines, était répandue ; les Samaritains possédaient vers le même temps un thaumaturge nommé Simon, qu’on identifiait avec « la grande vertu de Dieu. » Depuis près de deux siècles, les esprits spéculatifs du judaïsme se laissaient aller au penchant de faire des personnes distinctes avec les attributs divins ou avec certaines expressions qu’on rapportait à la divinité. Ainsi le « Souffle de Dieu » dont il est souvent question dans l’Ancien Testament, est considéré comme un être à part, l’ « Esprit-Saint. » De même, la « Sagesse de Dieu » la « Parole de Dieu » deviennent des personnes existantes par elles-mêmes. C’était le germe du procédé qui a engendré les Sephiroth de la Cabbale, les Æons du gnosticisme, les hypostases chrétiennes, toute cette mythologie