Page:Renan - La Vie de Jésus.djvu/368

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Cette idée, germe de l’Eucharistie, prenait quelquefois dans sa bouche des formes singulièrement concrètes. Une fois surtout, il se laissa aller, dans la synagogue de Capharnahum, à un mouvement hardi, qui lui coûta plusieurs de ses disciples. « Oui, oui, je vous le dis, ce n’est pas Moïse, c’est mon Père qui vous a donné le pain du ciel. » Et il ajoutait : « C’est moi qui suis le pain de vie ; celui qui vient a moi n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif. » Ces paroles excitèrent un vif murmure : « Qu’entend-il, se disait-on, par ces mots : Je suis le pain de vie ? N’est-ce pas là Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ? Comment peut-il dire qu’il est descendu du ciel ? » Et Jésus insistant avec plus de force encore : « Je suis le pain de vie ; vos pères ont mangé la manne dans le désert et sont morts. C’est ici le pain qui est descendu du ciel, afin que celui qui en mange ne meure point. Je suis le pain vivant ; si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour la vie du monde. » Le scandale fut au comble : « Comment