Page:Renan - La Vie de Jésus.djvu/463

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Jésus refusa avec une juste fierté d’entrer dans de longues explications. Il s’en référa à son enseignement, qui avait été public ; il déclara n’avoir jamais eu de doctrine secrète ; il engagea l’ex-grand-prêtre à interroger ceux qui l’avaient écouté. Cette réponse était parfaitement naturelle ; mais le respect exagéré dont le vieux pontife était entouré la fit paraître audacieuse ; un des assistants y répliqua, dit-on, par un soufflet.

Pierre et Jean avaient suivi leur maître jusqu’à la demeure de Hanan. Jean, qui était connu dans la maison, fut admis sans difficulté ; mais Pierre fut arrêté à l’entrée, et Jean fut obligé de prier la portière de le laisser passer. La nuit était froide. Pierre resta dans l’antichambre et s’approcha d’un brasier autour duquel les domestiques se chauffaient. Il fut bientôt reconnu pour un disciple de l’accusé. Le malheureux, trahi par son accent galiléen, poursuivi de questions par les valets, dont l’un était parent de Malek et l’avait vu à Gethsémani, nia par trois fois qu’il eût jamais eu la moindre relation avec Jésus. Il pensait que Jésus ne pouvait l’entendre, et il ne songeait pas que cette lâcheté dissimulée renfermait une grande indélicatesse. Mais sa bonne nature lui révéla bientôt la faute qu’il venait de commettre. Une circonstance fortuite, le chant du coq, lui rappela un mot que Jésus lui avait