Page:Renan - La Vie de Jésus.djvu/61

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part de vérité, quelle part d’erreur il peut receler.

Telles sont les règles qui ont été suivies dans la composition de cet écrit. A la lecture des textes, j’ai pu joindre une grande source de lumières, la vue des lieux où se sont passés les événements. La mission scientifique ayant pour objet l’exploration de l’ancienne Phénicie, que j’ai dirigée en 1860 et 1861, m’amena à résider sur les frontières de la Galilée et a y voyager fréquemment. J’ai traversé dans tous les sens la province évangélique ; j’ai visité Jérusalem, Hébron et la Samarie ; presque aucune localité importante de l’histoire de Jésus ne m’a échappé. Toute cette histoire qui, à distance, semble flotter dans les nuages d’un monde sans réalité, prit ainsi un corps, une solidité qui m’étonnèrent. L’accord frappant des textes et des lieux, la merveilleuse harmonie de l’idéal évangélique avec le paysage qui lui servit de cadre furent pour moi comme une révélation. J’eus devant les yeux un cinquième évangile, lacéré, mais lisible encore, et désormais, à travers les récits de Matthieu et de Marc, au lieu d’un être abstrait, qu’on dirait n’avoir jamais existé, je vis une admirable figure humaine vivre, se mouvoir. Pendant l’été, ayant dû