Page:Renan - Le Judaisme comme race et comme religion, 1883.djvu/23

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destinée qui dépassera de beaucoup les bornes d'un rôle national déterminé.

Qu'arriva-t-il, au point de vue de la race, pendant la captivité et surtout pendant cette longue période de la domination perse, depuis l'an 530 environ avant Jésus-Christ jusqu'à Alexandre ? Nous ne le savons pas. Y eut-il, à cette époque, en Israël, beaucoup de mélanges ethniques ? Il serait téméraire de l'affirmer ; mais, d'un autre côté, on ne peut s'empêcher d'en reconnaître la possibilité. La haie qui entourait Israël dut, pendant ce temps de désorganisation, subir plus d'une brèche. Je ne vois guère qu'un fait qu'on puisse rattacher à cet ordre d'idées : c'est la profonde aversion que les réformateurs Néhémie et Esdras manifestent pour les mariages mixtes. C'est chez eux une idée fixe. Il est probable que, dans les bandes de juifs qui revenaient de l'Orient, il y avait plus d'hommes que de femmes ; ce qui obligea les émigrants à prendre des femmes dans les tribus voisines. Ces unions sont prohibées au point de vue religieux ; mais c'est précisément parce qu'elles sont sévèrement interdites qu'il est probable qu'elles avaient lieu sur une très grande échelle.

Un fait qui a aussi son importance, est ce que l'on raconte du royaume de Samarie, lequel, depuis sa destruction par les Assyriens, aurait été, nous dit-on, peuplé par des étrangers. Il y a là probablement quelque exagération. Le pays, d'après les récits des livres des Rois, aurait été un désert, ce qui n'est pas probable. Il n'est guère douteux cependant que les colons