Page:Renan - Le Judaisme comme race et comme religion, 1883.djvu/27

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beaucoup à ce grand fait, qui entraîna dans le judaïsme une masse d’éléments syriens. Les Asmonéens furent conquérants; ils reconstituèrent à peu près l’ancien domaine d’Israël par la force. Il y avait là des populations qui n’étaient plus juives, il y en avait beaucoup de païennes. Elles furent conquises par Jean Hyrcan, par Alexandre Jannée, et forcées d’accepter la circoncision. Il y eut ainsi un compelle intrare assez violent. Sous les Hérodes, l’entraînement se fit par d’autres motifs. Les Hérodes étaient une famille extrêmement riche, et l’appât de beaux mariages amena beaucoup de petits princes de l’Orient, d’Emèse, de Cilicie, de Comagène, à se faire juifs. Il y eut ainsi un nombre considérable de conversions ; si bien qu’on ne saurait exagérer le degré auquel la Syrie a été réellement judaïsée.

Permettez-moi de vous lire à ce propos un passage de Josèphe, dans son traité Contre Apion, II, 39.

« De là le désir qui s’empara de grandes multitudes d’adopter notre culte, si bien qu’il n’y a pas une ville grecque ou barbare, qu’il n’y a pas une nation où ne se pratique l’usage du sabbat, des jeûnes, des lampes, des distinctions de nourriture que nous observons. Ils cherchent aussi à imiter notre concorde, nos aumônes, notre goût pour le travail (τὸ φιλεργὸν ἐν ταῖς τέχναις), notre courage à tout souffrir pour la Loi. Car, ce qu’il y a de plus surprenant, c’est que, sans aucun attrait de volupté, la Loi par elle-même a fait ces miracles, et, de même que Dieu pénètre l’univers, ainsi la Loi s’est infiltrée