Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/126

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grin, de l’autre toujours indisposé ; malgré cela, mon cœur leur est sincèrement attaché, et le sera toujours. Je ne me pardonnerais pas de les avoir emmenés loin de leur pays, pour si peu de chose, ou plutôt pour rien du tout, si la droiture de mes intentions, quand j’agissais ainsi, ne venait me rassurer. Mais ne craignez pas, chère maman, je me plais toujours, et mon bonheur serait parfait si je pouvais vous voir et vous avoir près de moi.

A propos de Bretagne, j’ai vu ces jours-ci un compatriote, et qui plus est, un ancien condisciple. Il était déjà venu au séminaire quand Liart et Guyomard y étaient, mais je ne me rappelle pas pour quelle raison je ne le vis pas. C’est un nommé Lemercier, qui est maintenant à Paris, au séminaire du Saint-Esprit, pour les missions. Il était au collège à Tréguier en même temps que moi ; mais bien plus avancé. Il est venu une fois chez nous autrefois, pour prendre un cahier de mathématiques, et se rappelle fort bien vous avoir vue et avoir causé avec vous de ce malheureux pays d’Erquy, où il est né. Triste souvenir, chère maman ! mais néanmoins j’ai