Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/135

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la mort est venu le séparer de nous, ce n’est pas que les soins lui aient manqué ici, mais sa santé était si faible Quand je pense que je ne reverrai plus Guyomard, que je ne lui parlerai plus, que je n’ai pas assisté à ses derniers instants, cela me fait une peine que je ne puis vous rendre. Vous savez, chère maman, que depuis longtemps nous nous aimions. Mais ce qui doit nous consoler, sans toutefois tarir nos larmes, c’est qu’il est maintenant dans le ciel et il suffit de l’avoir connu pour n’avoir aucun doute à cet égard. Quelle vertu dans une si grande jeunesse ! Dieu n’a a pas voulu le laisser plus longtemps à la terre. Que je m’estimerais heureux si à la fin de ma vie je pouvais en être où il était ! Sa mort a beaucoup affligé les bons enfants de Saint-Nicolas, surtout ceux qui étaient unis plus étroitement avec lui. C’était un samedi soir, et je n’en savais encore rien, lorsque M. le Supérieur, à la réunion pour la lecture spirituelle, nous annonça sa mort bienheureuse devant Dieu. Jugez de ma douloureuse surprise. Il nous consola en nous rappelant toutes ses vertus « Il ne vivait, dit-il, que