Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/188

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reporte sans cesse en esprit vers votre solitude, et j’aime à vous embrasser, à causer avec vous d’imagination. Oui, le plus beau présent que Dieu ait fait à l’homme, c’est une mère, surtout quand on en a une comme la mienne. Chère bonne mère, dites-moi, dans votre prochaine, comment vous vous trouvez, si vous êtes bien logée, bien servie : oh ! que tout cela m’intéresse ! L’hiver ne vous a pas trop fait souffrir, vos affaires ne sont pas trop chargées ? Pauvre bonne maman, quand je pense que j’ai peut-être contribué à les embarrasser par ce maudit envoi, qui pourtant m’était nécessaire, cela me fait une peine que je ne puis exprimer. Au moins, ma bien chère maman, soyez sûre que pour le respect et l’amour que je vous porte, jamais rien ne pourra les affaiblir dans mon cœur. Je vous embrasse de toute mon âme.

Votre fils respectueux et aussi affectionné que chéri.

ERNEST RENAN