Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/202

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mes doutes. Dieu soit donc loué, ma bonne mère ! Je ne puis croire qu’il eût permis que les personnes qui ont sur moi l’autorité de la tendresse et de la raison, me conseillassent un acte si important, si réellement sa volonté ne m’y avait appelé. Espérons donc, ma chère maman, qu’il achèvera, pour sa gloire et votre bonheur, ce qu’il a si bien commencé. C’est la pensée qui me soutient au milieu des idées de sacrifice, toujours pénibles à la nature. Jusqu’ici, il nous a si bien conduits en tout, que ce serait folie de ne pas désormais nous laisser conduire à sa providence. Rappelez-vous, bonne mère, comme il a tout disposé pour notre plus grand bien, jusqu’aux circonstances les plus indépendantes de notre volonté. Si parfois les obligations du sacerdoce m’effraient, la providence si souvent éprouvée de celui qui m’y appelle me rassure et me fortifie. Que je vous remercie, ma bonne mère, de la manière dont vous m’avez conduit en tout cela, de m’avoir laissé une si entière liberté pour un acte qui ne dépend que de Dieu et de la conscience ! Que vous rendrai-je pour ce que je vous dois ? Puissiez--