Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/254

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en me rappelant qu’à une époque si rapprochée, nous aurons le bonheur de nous embrasser ! Figurez-vous, bonne mère, que j’avais peur que cette année nous fussions privés de cette joie par les déboursés si considérables qui ont pesé sur nous. Et je n’osais vous faire la question, de peur de vous mettre dans la dure nécessité de me dire un non, aussi cruel pour vous que pour moi. Je me figurais que vous n’osiez m’en parler à cause de cela. Béni soit Dieu, chère maman maintenant je n’ai plus rien à désirer, que la prompte arrivée de ce moment heureux ; et j’espère qu’il ne tardera pas. Les vacances seront probablement avancées cette année par le nouveau supérieur qui va être élu dans quelques semaines. Espérance bonne mère ! — Je dois aussi vous annoncer, chère maman, que l’on m’a jugé digne d’approcher cette année de l’ordre du sous-diaconat, et que l’on m’en a fait la proposition officielle. Que j’aurais voulu, bonne mère, conférer avec vous sur un sujet si important ! Voici les réflexions que j’ai faites, et sur lesquelles je vous prie, chère maman, de me dire franchement votre sentiment.