Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/317

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si intelligents sous leur écorce grossière, je regrette que tant de natures riches et énergiques ne viennent pas supplanter ces petits enfants de salon. Ils contrastent singulièrement avec mes lurons de Stanislas, qui étaient bien la troupe la plus éveillée et la plus spirituelle, mais aussi la plus espiègle du monde. Cette pension dépend du collège Henri IV, et c’est là que les élèves vont en classe ; ce sont donc les devoirs de ce célèbre collège que je corrige tous les jours ; je me suis trouvé par là en rapport avec les professeurs les plus fameux de Paris.

Vous avez l’air de croire, bonne mère, que ma chambre est une mansarde suspendue entre ciel et terre, sans cheminée, etc. Non, non, bonne mère, c’est une fort jolie chambre, avec cheminée en marbre, etc. Il y a plus, c’est que j’ai autour de moi deux ou trois chambres vides, dont je puis user à mon gré. La pension, comme je vous l’ai dit, est fort peu nombreuse, et pourtant notre immense maison pourrait contenir une soixantaine d’élèves. A peine le premier étage est-il occupé par les besoins de la pension, tout le reste est vide,