Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/346

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en province et à la campagne or, je tiens à Paris comme à ma vie. Néanmoins je me suis gardé de donner une réponse négative. On a en effet poussé la bonté jusqu’à me laisser un an ou deux pour prendre mes grades à mon aise, terminer ma grammaire hébraïque, etc. J’ai donc du temps pour délibérer, et la place sera toujours à ma disposition. Il est bien probable, chère mère, que dans l’intervalle je trouverai tout aussi bien, et cela dans Paris même. Ceci au moins doit nous suffire pour nous faire bien augurer de l’avenir. Un licencié ès lettres ne peut jamais se trouver embarrassé pour une place en ce moment, on se les arrache, car ils sont encore assez rares. L’espace me manque, chère mère, pour vous dire toutes les espérances plus brillantes encore que j’ai droit de concevoir, et les connaissances illustres que je viens de faire il y a quelques jours. Ce sera pour la prochaine fois. Il faut donc nous dire adieu, chère mère. Ah ! quand ce terrible mot serat-il effacé entre nous ? En attendant, que la tendresse la plus pure et la plus dévouée supplée au bonheur de la présence mutuelle. Ah !